J'ai sorti la 241 P 1 des
Usines du Creusot en juin 1948.
Monsieur Chan
qui était alors le patron de la D.E.L. m'avait
indiqué qu'il ne voulait pas que cette machine fasse un tour
de
roue sans que je sois dessus.
Cela a duré près d'un mois où je l'ai
rodée
avec l'équipe de Dijon dont je me souviens seulement du nom
de
chauffeur : Rossi.
Trains de jour et de nuit entre Dijon et Lyon, Ambérieux,
Paris.
J'ai assuré son premier
parcours jusqu'au
dépôt de Dijon où j'ai remis la
241 P 1
à
l'équipe titulaire.
Je l'ai abandonné après l'avoir amené
à
Paris pour la présentation à toutes les
autorités.
J'ai ainsi sorti les trois premières 241 P du Creusot.
La
241 P 1 devait faire le train
présidentiel (Vincent Auriol
est président de la
République) entre Dijon et Genève pour
l'inauguration du
barrage de Génissiat sur le Rhône, le 1er
août 1948.
La veille, nous avons grillé un patin de
glissière HP, et
c'est une 141R qui est partie sur le train présidentiel, ce
qui
n'a pas empêché les journaux de faire, dans leur
compte
rendu de l'inauguration, l'éloge de la 241P avec une photo
de la
141R en tête de ce train présidentiel !... (Cet incident s'est
produit un peu
plus de cinq semaines après ses premiers tours de roues).
Un soir, après la
remorque d'un train de marchandise entre
Dijon et Laroche, nous repartions HLP (Haut Le Pied, c'est à
dire machine seule) à Dijon, vitesse limite 100 km/h, vers
21
heures.
A Nuits s/Ravières, nous sommes arrêtés
pas les
signaux. Après le passage de deux ou trois rapides, j'ai
téléphoné au régulateur de
Dijon pour qu'il
veuille bien nous faire partir.
Devant son refus, quelques paroles assez vives ont
été
échangées. Il a alors fait passer quelques trains
de
marchandises limités à 50 km/h, nous gardant
derrière le signal fermé jusqu'à 4h30
du matin :
le régulateur qui est roi dans son secteur se vengeait de
mes
propos désagréables.
Ces
machines étaient
dérivées de la 241 C 1 du PLM, avec toutefois de
nombreuses améliorations, dont le stocker.
C'étaient de très bonnes machines qui
étaient
toutefois en retard sur les progrès accomplis par
André
Chapelon
pour le thermodynanisme.
A la sortie de la guerre,
il était
urgent de disposer de locomotives puissantes pour assurer des trains
lourds à 120 km/h.
La 160
A 1 n'avait pas encore fait ses
preuves, et la 242 A 1
n'était pas
encore sortie des usines de Saint-Chamond. La Direction de la SNCF
estima ne pas avoir le temps nécessaire pour des
études
ou des mises au point : en octobre 1945, la SNCF effectuait
sa
dernière commande de locomotives à vapeur aux
usines
Schneider du Creusot.
Les 241 P restèrent en service jusqu'en 1969.
La 241P 17 a été restaurée par l’association
les
Chemins de Fer du Creusot durant
de nombreuses années : elle
circule à nouveau depuis
2006. La 241 P 17 est désormais
la locomotive à vapeur
la
plus puissante en service
en europe.
NB : Ce texte est issu de
notes de mon
Père Raymond
Gleize.
Les ajouts sont
en italique.
241 P SNCF | |
---|---|
Date de sortie | 1948 - 1952 |
Puissance | 4000 ch |
Vitesse limite | 120 km/h |
Masse totale en ordre de marche | 131,400 t |
Poids adhérent | 81,600 t |
Poids par essieu moteur | 20,400 t |
Diamètre roues motrices | 2,020 m |
Longueur, machine seule | 17,172 m |
Longueur avec tender | 27,127 m (34 P) |
Rayon minimal d'inscription en courbe | 140 m |
Timbre chaudière | 20 bars |
Surface de la grille | 5,05 m² |
Longueur de la grille | 2,51 m |
Surface de chauffe | 244,57 m² |
Surface de surchauffe | 108,38 m² |
6 Cylindres | 2 HP internes, 2 BP externes |
Échappement | double à croisillon réglable |
Stocker | |
La 241 P 9 est
propriété de l'AAATV
Midi-Pyrénées. La 241 P 17 basée au Creusot effectue régulièrement depuis 2006 des trains spéciaux. La 241 P 16 est à la Cité du Train à Mulhouse. La 241 P 30 est propriété du VVT. |
Histoire de mon Père
Raymond
Gleize
la SNCF avec André Chapelon
de 1937 à 1953.
Participation aux essais de locomotives à vapeur : photos et
souvenirs.